Visite de travail et d’Inspection à la wilaya de Tissemsilt

Mohktar Didouche, ministre du Tourisme et de l’Artisanat,  revient dans cet entretien exclusif accordé à El Watan, sur les grands axes de développement de son secteur. Selon le représentant du gouvernement, en abordant les défis de manière proactive, l’Algérie pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour son secteur touristique, attirer davantage de visiteurs et contribuer ainsi à son développement économique et social du pays. Alors que l’Algérie cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance des revenus des hydrocarbures, le secteur apparaît comme une alternative prometteuse et porteuse d’opportunités.

  • Peut-on avoir, Monsieur le ministre, un bilan sur le déroulement de l’actuelle saison saharienne ?

Avant de répondre à vos questions, je tiens tout d’abord à vous remercier et à travers votre personne le journal El Watan qui a bien voulu nous accorder cet entretien, qui me permet de m’adresser à vos lecteurs ainsi que tous les Algériens, tout en les invitant à visiter l’Algérie, une destination unique et pleine d’authenticité, à découvrir, et plus particulièrement notre Sahara qui offre des moments d’évasion, d’aventure et de dépaysement.

Quant à votre question sur le bilan de la saison saharienne actuelle, je crois qu’il est encore prématuré d’avancer des chiffres, mais ce qui est sûr est que la saison dernière 2022-2023 a connu une montée exceptionnelle en termes de fréquentation, les wilayas du Sud ont vu une croissance substantielle de visiteurs, où il a été enregistré plus de 491 000 touristes nationaux et étrangers.

Pour ce qui est de cette saison, nous estimons que le nombre de fréquentation est en nette progression, notamment pour les touristes étrangers, cela est dû essentiellement à l’instauration, sur instruction de Monsieur le président de la République, du visa de régularisation ou visa à l’arrivée, depuis janvier 2023, d’une part, et d’autre part le lancement d’une liaison aérienne directe Paris-Djanet, par la campagne Air Algérie, dont le vol inaugural a eu lieu le 17 décembre  2023.

Par ailleurs, il faut signaler que notre secteur participe annuellement à une dizaine de foires et Salons internationaux, pour promouvoir encore plus l’image réelle de l’Algérie nouvelle, à l’effet de rendre la destination Algérie de plus en plus visible sur la scène touristique internationale, en visant particulièrement les marchés classiques européens et les marchés prometteurs, notamment asiatiques.

Enfin et d’après les chiffres en notre possession actuellement, alors que nous ne sommes qu’au début de la saison saharienne, qui s’étalera jusqu’à avril 2024, je peux vous affirmer que les retombées économiques de cet afflux ne seront pas des moindres.

  • Le visa de régularisation au lieu du visa ordinaire pour les étrangers qui voyagent en passant par une agence de tourisme a boosté incontestablement la destination Sud, selon de nombreux observateurs. Partagez-vous cette analyse et peut-on avoir quelques statistiques appuyant cette constatation ?

Concernant ce dispositif, je partage amplement votre avis que le visa de régularisation a permis d’augmenter de manière significative les flux touristiques vers les wilayas du Sud notamment, mais qui a permis aussi d’inclure dans les programmes de visites d’autres villes côtières ou des Hauts-Plateaux, selon les plans de vols établis à cet effet par les agences de tourisme et de voyages.

Dans ce cadre, il faut rappeler que ce dispositif rentre dans le cadre des facilitations accordées aux touristes étrangers par l’Etat, selon les conditions et la procédure qui se résument par les étapes suivantes : les touristes sont tenus de passer par une agence de tourisme et voyages algérienne, qui recueille leurs passeports et établit une liste nominative du groupe, l’agence transmet ensuite une demande accompagnée de la liste et copies des passeports à la direction du tourisme et de l’artisanat, via une plateforme numérique mise en place à cet effet.

Cette demande est traitée au niveau central, par le service créé à cet effet, qui transmet, à son tour, les dossiers aux services compétents. En dernier lieu, une autorisation d’embarquement est délivrée aux touristes ayant reçu l’avis favorable.

Depuis janvier 2023 à ce jour, il est enregistré 7755 autorisations d’embarquement délivrées à des touristes de 57 nationalités, par le biais de 175 agences, réparties à travers 21 wilayas. Il faut savoir que depuis le lancement de la saison saharienne, nous notons le traitement de pas moins de 2500 demandes par mois, cela dénote réellement que l’Algérie est désormais une destination prisée par les touristes étrangers.

  • Concernant les nationaux, comme chaque année, ils choisissent le Sud pour passer le réveillon. Comment expliquez-vous ce rush ?

L’Algérie dispose d’un Sahara unique au monde, un grand musée en plein air, ne disposant d’aucune pollution visuelle ou sonore, c’est une destination touristique par excellence offrant un séjour mémorable et inoubliable à ses invités, et séduisant ses visiteurs non seulement par son paysage panoramique, mais aussi par la générosité et l’accueil chaleureux de ses habitants.

Ce produit unique séduit un grand nombre de touristes nationaux et étrangers amoureux des grandes étendues, des bivouacs, des peintures rupestres, et des plus beaux couchers de soleil. C’est donc l’espace le plus indiqué pour un dépaysement total, dans le but de se ressourcer.

C’est pour cela que nos concitoyens choisissent  le Sud algérien chaque fin d’année, des demandes toujours croissantes des touristes qui préfèrent passer cette nuit spéciale de l’année dans notre charmant et chaleureux désert, à la recherche du calme et de la sérénité qu’ils peinent à trouver dans les grandes villes, de plus en plus bruyantes et stressantes au quotidien.

C’est effectivement un rush, mais qui est tout de même légitime et même indiqué pour nos citoyens, afin de clôturer une année de travail et en entamer une nouvelle. 

Une fuite vers le silence et une réconciliation avec la nature, c’est ce qui leur permettra de reprendre des forces pour affronter le futur et contribuer à la construction d’une Algérie pleine, riche et prospère. C’est aussi une occasion de découvrir les différentes facettes de l’Algérie et de notre Sahara.

  • Il faut cependant sortir de l’engrenage de la saisonnalité (fin d’année et fêtes du printemps), une saisonnalité qui impacte les hôtels et les prescripteurs locaux…

La saisonnalité est un phénomène qui résulte de deux facteurs. Premièrement, les facteurs climatiques rassemblent tous les éléments liés à l’environnement et à la nature, à savoir les saisons. Ce facteur est responsable des périodes de fréquentation touristique de certaines destinations.

De son côté, l’hôtellerie est un secteur qui est influé et rythmé par le territoire et les saisons, créant des basses et hautes saisons en termes de fréquentation, ce qui impacte significativement les revenus des établissements, d’où la nécessite d’établir et mettre en place une stratégie à moyen et long terme afin de contenir les conséquences de la saisonnalité.

C’est pour cela que nous restons convaincus que la meilleure façon pour permettre au tourisme en Algérie de se positionner durablement sur les marchés du tourisme et des voyages, c’est de ne pas ressembler aux autres, mais plutôt de se démarquer à travers des produits uniques qui reflètent l’authenticité de notre grand pays.

Notre option est de doter la destination Algérie de sa propre identité orientée vers un tourisme à dimension humaine, écologique et durable, qui propose aux visiteurs de partager des expériences nouvelles et enrichissantes dans un décor naturel, vierge, exceptionnel et encore en état de préservation.

Et c’est avec cette optique qu’on pourrait éviter l’engrenage de la saisonnalité, à travers la mise en place d’une diversité de produits, à même de permettre un tourisme résilient et durable à longueur d’année.

  • Vous avez procédé récemment à l’installation de Ammar Guellati dans ses fonctions de nouveau président-directeur général du Groupe hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT). Quelles sont les missions prioritaires confiées à ce groupe ?

Le Groupe hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT), qui possède environ 20% du parc hôtelier en Algérie, pèse indéniablement sur le plan quantitatif que qualitatif, il peut jouer, de ce fait, le rôle de locomotive et tirer vers le haut les autres établissements touristiques et hôteliers, en s’inscrivant dans une logique de concurrence et de complémentarité.

Pour ce faire et considérant que l’hébergement hôtelier représente la véritable colonne vertébrale du tourisme, un ambitieux programme de réhabilitation et de modernisation a été lancé par l’Etat, dans le but de mettre à niveau le parc hôtelier public qui a été réalisé dans les années 1960 et 1970, dont certains hôtels sont des chefs-d’œuvre architecturaux.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’installation du nouveau PDG du groupe HTT, qui est tenu d’insuffler à ce groupe une nouveau dynamisme et surtout le hisser au rang des entreprises performantes, rentables et économiquement viables, compte tenu de la compétitivité qui s’installe avec le secteur privé, et dont le défi principal est d’assurer une meilleure prestation de services et de mettre la qualité au cœur de ses  préoccupations.

Néanmoins, la mission prioritaire, reste la finalisation de l’opération de réhabilitation et de modernisation, qui aboutira à la livraison des établissements hôteliers restants, tout en veillant à la formation et mise à niveau du personnel d’encadrement, sans omettre la question de la digitalisation et de la numérisation qui est incontournable pour assurer un bon fonctionnement et un meilleur rendement pour ces infrastructures hôtelières.

  • Dans le cadre de la promotion de la destination touristique de l’Algérie au niveau international, l’Office national du tourisme (ONT) a multiplié les participations au niveau des Salons. Quel bilan faites-vous ?

Pour favoriser une action de promotion moderne et innovante, à même de capter plus de touristes, il devient nécessaire de recourir à plusieurs types d’actions de promotion, en fonction de la spécificité des marchés et des caractéristiques de la segmentation de la clientèle ciblée.

Pour la mise en valeur des atouts touristiques que recèle notre pays, le ministère dispose, à travers l’Office national du tourisme, d’un organe chargé de la promotion de la «Destination Touristique Algérie». La principale mission de l’ONT étant d’identifier, de promouvoir et de commercialiser la destination «Algérie» au niveau national et international.

Dans ce cadre, l’ONT, en sa qualité d’organe chargé de la promotion du tourisme en Algérie, trace un programme annuel pour prendre part à plusieurs foires et Salons internationaux à l’étranger, notamment pour les marchés européens classiques (Italie, Allemagne, France …), mais actuellement nous ciblons de nouveaux marchés, tels que la Chine et la Russie.

Pour ce qui est du bilan, pour l’exercice 2023, de participation de l’ONT aux manifestations à caractère touristique, nous avons participé cette année à 9 Salons (Italie, Bulgarie, Allemagne, Russie, Serbie, Croatie, Egypte et Qatar). Dans ce cadre, nous pouvons dire que cette participation a énormément contribué pour rendre la destination Algérie plus visible et adoptée sur la scène touristique internationale.

D’ailleurs, nous enregistrons cette année une montée significative en termes de rentrées, qui affichent une augmentation de 100%, passant de 1,4 million de 2022 (dont 700 000 étrangers) à plus 2,8 millions en 2023 (dont près de 1,8 million d’étrangers). Cela est dû aux efforts consentis par l’Etat, notamment la question de facilitation du visa.

https://elwatan-dz.com/mohktar-didouche-ministre-du-tourisme-et-de-lartisanat-nous-voulons-doter-la-destination-algerie-de-sa-propre-identite