Avec plus de trois millions de touristes en 2023, le secteur du Tourisme génère plus de 270 millions de dollars

Au cours des dernières années, l’Algérie s’est engagée à revitaliser l’industrie touristique, de à la rendre plus attractive et compétitive pour entamer une nouvelle ère. Le Gouvernement mise sur ce secteur en tant que levier économique majeur. Il contribue au plan de relance économique en vue de mettre en valeur la place du tourisme algérien dans le monde.

Dans cette interview accordé à notre rédaction, Mokhtar Didouche, Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, met en lumière les défis à venir pour ce secteur.

Saluant les résultats positifs de 2023, grâce aux efforts déployés par les autorités, en réponse aux directives du président de la République, Abdelmajid Tebboune, le ministre exprime sa forte volonté de relancer le tourisme algérien en tant que destination mondiale. Mokhtar Didouche, assure également que son département et les entités sous sa tutelle sont prêts à mobiliser toutes les ressources pour hisser le secteur à un niveau désiré, améliorer la qualité des services, réviser les tarifs hôteliers, et faciliter les opérations d’investissement.

1/ L’Algérie se penche aujourd’hui sur le secteur touristique pour sa relance économique, en rendre ce secteur une alternative hors hydrocarbures, et un des plus importants levier de développement économique nationale. 

Quel constat mettriez-vous aujourd’hui pour ce secteur ?

Je tiens tout d’abord à vous remercier personnellement et par la même votre média  » Le Chiffre d’Affairs », qui a bien voulu nous accorder cet entretien, qui me permet de m’adresser à vos lecteurs , pour leur souhaiter en ce début d’année plein de bonheur, de santé et de prospérité, tout en les encourageant à visiter l’Algérie, une destination touristique exceptionnelle, pour découvrir des paysages authentiques, d’aventure et d’évasion.

Quant au constat à faire pour le secteur du tourisme, je tiens à rappeler que malgré la compétition féroce qui sévit dans le bassin méditerranéen, considérée comme la première destination touristique au monde, englobant plusieurs pays classé dans le Top-Ten touristique international, nous estimons que l’Algérie est en train de construire sa destination, pour se frayer un chemin et gagner sa place dans la carte touristique mondiale.

Nul ne peut ignorer que plusieurs efforts sont consentis par l’Etat, favorisant la mise en tourisme de l’Algérie, notamment les facilitations accordées pour l’investissement considéré comme la colonne vertébrale du développement touristique, car vecteur de croissance et créateur de richesse et d’emplois.

En effet, les engagements de Monsieur le Président de la République, pour le secteur du tourisme, s’orientent vers l’édification d’une industrie touristique, attractive et compétitive, à travers le rehaussement de la promotion de l’image de l’Algérie, la facilitation de visa, ainsi que l’amélioration de la qualité des services, par la valorisation et mise à niveau des infrastructures et du système de formation.

Par ailleurs, le plan d’action du gouvernement se focalise sur le développement du tourisme interne, notamment le thermalisme, l’assainissement et l’aménagement du foncier dédié à l’investissement, et le positionnement de la destination Algérie et sa mise en valeur sur la scène touristique internationale.

2/ Plusieurs accords ont été signés avec un nombre de pays dans le domaine touristique. 

Quel impact auraient ces accords sur l’activité touristique en Algérie ?

Le tourisme dans le monde connait une demande domestique et internationale en constante évolution, c’est dans cette optique que l’Algérie a signé des accords d’échanges avec d’autres pays qui sont plus avancés dans ce domaine, dans le but de s’inspirer de leur expérience et savoir-faire, connaitre et comparer leurs différentes stratégies et surtout tirer les leçons pour éviter de commettre leurs déconvenues.

Toutefois, nous restons convaincus que la meilleure façon pour le tourisme en Algérie, c’est de se positionner durablement sur les marchés du tourisme et des voyages et de ne pas ressembler aux autres, en se démarquant à travers des produits originaux qui reflètent l’authenticité de notre grand pays.

Notre option est de doter la destination Algérie de son propre label orientée vers un tourisme à dimension humaine, écologique et qui propose aux visiteurs de partager des expériences nouvelles et enrichissantes dans un décor naturel exceptionnel et encore préservé.

3/Pour atteindre le but escompté, pensez-vous que je budget loué à ce secteur est suffisant pour son développement et le rendre rentable à l’État ?

Le secteur a bénéficié d’une multitude d’opérations visant essentiellement les volets promotion, aménagement et viabilisation du foncier touristique, sans oublier la réalisation d’équipements administratifs tels que les sièges des directions de tourisme et de l’artisanat , ainsi que les centres et maisons de l’artisanat, répartis à travers le territoire national.

Toutes ces actions qui ont fait l’objet d’un budget conséquent, s’inscrivent dans le cadre du développement du secteur et plus particulièrement dans la nécessité d’accompagner les porteurs de projets

C’est dans ce cadre que s’inscrit le rôle de l’Etat, confirmé par Monsieur le Président de la République dans ses engagements et ses instructions qui convergent vers la facilitation et l’accompagnement des investisseurs à l’effet de leur permettre de contribuer dans la création de richesse et des emplois durables, notamment pour nos jeunes.

4/Le fonctionnement des établissements hôteliers publics sont souvent remises en cause en raison des services et des prix proposés malgré les efforts déployés pour leur maintenance et leur modernisation.

Y a t-il une initiative de la part du ministère du Tourisme qui vise de former une « commission ministérielle chargée d’études des prix et services » , afin d’offrir un meilleur service et surtout de rester compétitif sur le marché en matière des prix ?

Le Groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT), dispose d’un parc hôtelier représentant près de 20% du portefeuille hôtelier national, dont certains établissements sont des chefs d’œuvres architecturaux, qui connaissent actuellement un lifting et mise à niveau tant sur le volet réhabilitation et modernisation de son bâti, que sur le plan de la qualification de son personnel.

Ce sont les deux facteurs prépondérants qui permettent d’assurer un service de qualité et fidéliser la clientèle locale et internationale, à même d’assurer un meilleur rendement de ces structures, et par la même obtenir des prix compétitifs, surtout que le privé se renforce annuellement de structure hôtelière de haute facture, imposant une concurrence sur le marché.

En ce qui concerne les prix, cela obéit principalement à l’offre et de la demande, cependant nos équipes d’inspecteurs du tourisme activant au sein de notre directions locales effectuent régulièrement des visites d’inspection et de contrôle, entrant dans le cadre de la vérification des établissements sur le plan de la sécurité, de l’hygiène, et surtout veiller à ce que les prix pratiqués reflètent fidèlement les prestations offertes.

Toutefois, des brigades mixtes Tourisme-Commerces sortent aussi sur le terrain pour encadrer cette activité commerciale et signaler tout dépassement ou prix exorbitant pratiqués par les hôtels et autres établissements touristiques.

5/La promotion de la destination interne est devenue aujourd’hui une tendance et un nouveau style pour le consommateur.

Est-ce que le ministère du Tourisme a établi un programme pour accompagner cette tendance, et à être à jour des besoins du citoyen ?

C’est incontestable que le tourisme interne a repris ses droits depuis quelques années, notamment depuis l’épidémie du CORONAVIRUS, qui a occasionné une léthargie mondiale quasi-totale, touchant de plein fouet le transport et par conséquent l’industrie mondiale du tourisme.

L’Algérie, n’ayant pas échappé à ce fléau, a connu une situation sans précédent, imposant aux Algériens un immobilisme généralisé, De ce fait les citoyens se sont reconvertis vers la découverte de leur pays et des différentes facettes qu’il recèle, notamment en termes de tourisme écologique lié à l’environnement, favorisant la réconciliation avec la nature.

Dans ce cadre notre département ministériel a mis en place une multitude de mesures, dont la plus importante est la plateforme numérique regroupant plus de 1000 sites répartis à travers 400 circuits touristiques, dans les 58 wilayas.

Par ailleurs et ayant constaté l’engouement de nos jeunes dans le domaine de la promotion numériques et organisation de randonnées dans les sites naturels et lieux de villégiature, nous avons lancé un concours de la meilleure vidéo promotionnelle, présentant une ou plusieurs régions, dont quatre lauréats ont été primés lors de la célébration de la journée nationale du tourisme fêtée le 25 Juin de chaque année.

Par ailleurs, il y a lieu de signaler que notre département a lancé en collaboration avec l’union européenne, un programme en direction des jeunes. Ce programme dénommé « JIL SIYAHA », a pour but de capter notre jeunesse désirant rejoindre le domaine du tourisme, à travers soit une formation, un emploi ou de l’entreprenariat, où deux concours ont été lancé et dix-huit jeunes lauréats ont été primés dans plusieurs projets touristiques liés à l’écologie, le patrimoine, la numérisation et l’innovation.

6/Le tourisme balnéaire et religieux est aussi une branche qui a prouvé sa rentabilité dans plusieurs pays dans le monde.

Le ministère du Tourisme a-t-il établi un programme qui met en valeur les potentialités de l’Algérie dans le tourisme balnéaire et religieux ?

Le tourisme balnéaire figure parmi les trois branches principales définies par la stratégie du secteur, à côté du saharien et santé et bien-être (thermalisme), cependant nous sommes appelé à développer toutes les formes de tourismes qui existent sur notre territoire, pour assurer une résilience et contrecarrer la saisonnalité qui n’est pas rentable en termes d’investissement.

En ce qui concerne le balnéaire et tenant compte du positionnement de l’Algérie dans le bassin méditerranéen où sévit une compétition féroce, plusieurs pays ont déjà pris de l’avance par rapport à ce segment important mais saisonnier.

Pour cela, et devant cette concurrence, l’Algérie doit se démarquer à travers une offre destinée à la famille Algérienne, répondant à sa demande et spécificité, à travers les villages d’habitations légères touristiques (VHLT), destinés pour les familles et les seniors, ainsi que pour les jeunes, dans le cadre des campings.

Par ailleurs, et devant le manque actuelle d’infrastructure au niveau de la frange côtière, qui ne dispose que de 20% du parc hôtelier national, ce qui ne permet pas de contenir les flux touristiques nationaux durant la saison estivale, une circulaire interministérielle entre notre département et celui de l’intérieur et des collectivités locales, a été mise élaborée pour encadrer la formule « chez l’habitant », qui a pris de l’ampleur ces dernières années, permettant aux citoyens de louer leurs appartements tout en respectant les règles de sécurité, d’hygiène et de confort.

Quant au tourisme religieux, une convention cadre a été signé avec le ministère des affaires religieuses et des wakfs, dans le but d’engager des actions en faveur des lieux cultes et zaouïas, pour assurer un hébergement adéquat et temporaire, lors des célébrations des différentes fêtes religieuses, à l’instar du Mawlid Ennabaoui et du Sboue, qui connaissent un grand nombre d’adeptes annuellement, notamment « la zaouïa tidjania » qui enregistre chaque année, des milliers de visiteurs venus de de plusieurs pays africains.

7/La numérisation est un outil indispensable pour le développement économique, et le Gouvernement a instauré un ministère chargé de la numérisation de tous les secteurs et institutions de l’État, pour atteindre le but de « zéro papier ».

Quelles sont les démarches suivies par le ministère du Tourisme pour la numérisation de ses établissements qui lui revient ?

Suites aux instructions de Monsieur le Président de la République portant sur la nécessité de procéder à la numérisation de l’administration, en vue de faciliter les opérations liées à l’intérêt des citoyens, nous avons engagé aux côtés de plusieurs départements ministériels, un programme de numérisation qui se décline en plusieurs opérations, relatives à la mise en place de solutions et de plateformes numériques dans le traitement des dossiers, ainsi que l’uniformisation des outils et procédures via un réseau intranet sécurisé.

Nous nous attelons actuellement à livrer toutes les composantes de ce programmes, pour lier tous les services intérieurs et extérieurs, à travers une liaison directe et permanente où tous les concernés seront appelés à intervenir, chacun en ce qui le concerne, ce qui permettra de répondre rapidement aux sollicitations des citoyens et de situer, par la même, les responsabilités et défaillances des intervenants dans la chaine numérique.

Nous restons convaincus, que ce n’est qu’à travers cette opération que nous pouvons espérer avoir une administration performante et équitable envers le citoyen qui doit être au cœur de nos préoccupations.

Dans ce cadre et à titre d’exemple, nous citerons la plateforme numérique dédiée aux agences du tourisme et des voyages, qui permet aux citoyens de transmettre leurs demandes via cette plateforme et d’y recevoir les résultats du traitement de leurs dossiers.

8/La formation est importante pour développer le tourisme, comment estimez-vous la qualité de la formation dans le domaine de l’hôtellerie en Algérie ?

La stratégie du Gouvernement en matière de formation a pour objectif la valorisation de la ressource humaine et la couverture territoriale des besoins en formation, par une offre adéquate à travers, la modernisation de l’appareil de formation, la formation des formateurs, ainsi que le renforcement de l’offre de formation par la création de nouveaux établissements et la mise en place de nouvelles filières et spécialités. Il s’agit aussi d’investir dans l’organisation et le développement de l’ingénierie territoriale.

Actuellement notre secteur forme à travers les établissements sous tutelle, à savoir l’école ENST à Alger et les institut ( ITHT) de Boussaâda et de Tizi Ouzou, ainsi que leurs annexes à Tlemcen et Ouargla, mais il faut rappeler que nous sommes accompagnés par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et le ministère de l’enseignement et de la formation professionnels, qui à leur tour forment des universitaires et un personnel qualifié professionnels dans les métiers du tourisme.

Par ailleurs, nous comptons aussi sur le secteur privé et les hôteliers pour former sur le tas et assurer un recyclage permanents des professionnels, à l’effet de s’adapter à la consommation touristique, en constante évolution et surtout intégrer la notion de digitalisation dans les programmes de formations.

9/En chiffre, quel est l’apport et la participation du Tourisme dans l’économie nationale ?

Le tourisme, enregistre depuis une dizaine d’année, une moyenne annuelle de :

2.2 Millions de rentrées aux frontières, flux à la hausse, notamment après le covid19,

270 milles employés dans l’hôtellerie, café et restaurant ( HCR),

2% du PIB hors hydrocarbure

274 millions de dollars de rentrées en devises

Mais pour l’année 2023, je peux vous assurer qu’en termes de flux touristique, le seuil de 3 millions de touristes sera dépassé, un seuil jamais atteint depuis plusieurs décennies, marquant de ce fait une nouvelle ère pour le tourisme en Algérie, confirmant que la destination Algérie est désormais visible sur la scène touristique internationale.

Concernant le tourisme interne et durant les deux dernières saisons estivales, nous avons mis en place un système de statistique propre au secteur, qui nous a permis de recenser plus de 10 millions d’algériens, qui ont passé un séjour dans l’une des quatorze wilayas côtières, dont 20% environ ont séjournés dans des établissements hôteliers, et 80% ont opté pour la formule chez l’habitant.

Ces statistiques adossées à la fréquentation des plages, a engendré une dynamique commerciale certaine au niveau des wilayas côtières et leurs wilayas limitrophes, qu’on a estimé à plus de 200 milliards de DA.

10/ Quelles sont vos attentes de la saison touristique hivernale (saharienne) de cette année ?

Y a t–il de nouvelles offres pour attirer un grand nombre de touristes étrangers et visiteurs locaux ?

Le tourisme saharien, constitue le produit phare de l’Algérie, de par son cachet unique et à son authenticité et surtout presque sans concurrents potentiels. A ce titre, une stratégie, a été mise en place par le secteur pour la promotion du tourisme saharien, consistant en une approche globale et coordonnée, qui se décline à travers les actions clés ci-dessous :

-Renforcer l’hébergement et améliorer les infrastructures de base,

-Valoriser la culture locale et promouvoir les activités touristiques,

-Développer et diversifier les activités touristiques,

-Conserver et accentuer la préservation de l’environnement, de la biodiversité,

-Favoriser la formation et l’emploi Former la main-d’œuvre locale,

-Collaborer avec professionnels et les tour-opérateurs internationaux,

-Mettre en place des outils pour faciliter le processus de voyage,

Pour ce qui est des nouveautés, et sur instruction de Monsieur le Président de la république, un visa de régularisation ou visa à l’arrivée a été instauré depuis janvier 2023, d’une part et d’autre part le lancement, par la campagne air Algérie, d’une liaison aérienne directe Paris – Djanet, dont le vol inaugural a eu lieu le 17 décembre 2023.

Dans ce cadre et pour cette saison, nous estimons que le nombre de fréquentation sera en nette progression, notamment pour les touristes étrangers, pour lesquels les agences de tourisme et de voyage ont programmé des séjours agréables dans les parcs du Tassili et du Hoggar à travers des circuits répondant à toutes les demandes.

Ce qu’on peut dire, c’est que cette saison saharienne, qui s’étalera jusqu’à Avril 2024, aura des retombées économiques substantielles sur les wilayas et populations du sud Algérien.

11/ Combien coûtera une tournée touristique d’une semaine au Sahara algérien pour un simple citoyen?

Le coût d’un séjour s’une semaine au Sahara peut varier de 70 à 100 milles DA, en fonction du lieu d’hébergement, du nombre et distance des sites à visiter, et aussi des activités touristiques offerts par les agences de tourisme et de voyage.

Néanmoins, les voyages groupés auront une incidence certaine sur le coût du séjour, compte tenu offres qui comprennent le billet d’avion, l’hébergement et les circuits touristiques.

Il faut tout de même rappeler que notre Sahara est unique au monde et le fait d’y passer un séjour mémorable n’a pas de prix , eu égard de ce qu’il nous offre en terme de dépaysement et de découvertes que nous ne pouvons avoir nulle part ailleurs.

A ce titre je profite de cette occasion pour souhaiter à tous les algériens de part le monde et notre diaspora à l’étranger, une année pleine de bonheur, de santé et de prospérité, sans oublier votre magazine auxquels je souhaite aussi plein de succès et de réussite et à tous les journalistes.

 

https://lechiffredaffaires.dz/avec-plus-de-trois-millions-de-touristes-en-2023-le-secteur-du-tourisme-genere-plus-de-270-millions-de-dollars/